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Philip K. Dick (à l’écrit) et Steven Spielberg (à l’écran) l’avait prédit pour 2054, mais à peu de choses près, la réalité les a devancé de 34 ans. Clear Channel Outdoor, une société américaine du groupe iHeartMedia et similaire au Français JCDecaux, affirme son intention d’exporter son concept de panneaux de « traçage publicitaire » outre-Atlantique dans les mois à venir. Depuis quatre ans, plusieurs centres commerciaux des États-Unis bénéficient déjà du système Radar, un réseau de panneaux publicitaires à la frontière de ce que décrivait Minority Report. Dans le film de 2002, adapté de la nouvelle de Philip K. Dick, le héros passe dans les couloirs d’un centre commercial. Un flash, émis depuis l’un des murs, suffit à reconnaître son iris et à l’assaillir de publicités personnalisées. Si Radar ne va pas aussi loin, l’intention est bien la même. Comme l’indique The Verge, Clear Channel explique qu’un panneau Radar capte les données mobiles des passants et s’en sert pour se « renseigner sur ses déplacements et de ses comportements. » Le consommateur ainsi « suivi », le système Radar parvient à connaître ses déplacements mais aussi s’il s’est arrêté devant un panneau publicitaire spécifique ou est passé s’acheter un produit dans un magasin. Probablement à dessein, Clear Channel n’en détaille pas plus concernant le processus exact d’agrégation et de suivi des données personnelles.

Dans le film « Minority Report », les couloirs des centres commerciaux identifient les passants pour leur proposer des publicités personnalisées (Crédits : 20th Century Fox / DreamWorks).

Clear Channel affirme que les données ainsi agrégées restent anonymes. Selon l’entreprise américaine, Radar ne fait qu’exploiter des données que les consommateurs fournissent déjà automatiquement à leurs opérateurs ou fournisseurs d’accès Internet. Quant à son implantation future en Europe, Clear Channel pourrait déployer sa technologie dans les 24 mois à venir, selon Data News, voire dans seulement quelques mois en Espagne, en Suède et au Royaume-Uni. Pour cela, comme l’indique le média belge, cela forcerait à Clear Channel de se plier aux règles du RGPD en matière d’utilisation des données personnelles. La société publicitaire souligne donc qu’elle pourrait passer, si besoin, par le déploiement d’une application dédiée, par laquelle chaque consommateur pourrait autoriser ou non ce traçage. « S’ils le font, les données rendues anonymes sont ensuite supprimées des systèmes de nos partenaires (gestionnaires de données), aurait expliqué Clear Channel à Data News. Pour être sûrs, nous supprimons au bout de 90 jours maximum et de manière permanente toutes les données pour lesquelles nous n’avons pas reçu de mises à jour. »

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